Hausse du Livret A : fausse bonne nouvelle
Face à l'évolution du taux du livret A, les acteurs du logement social sont confrontés à de nouvelles difficultés financières. Le passage de 2 à 3 % du taux du livret A depuis le 1er février 2023 est une bonne nouvelle pour les épargnants. Beaucoup moins pour les bailleurs sociaux. En effet, l’argent déposé sur ces livrets sert à financer la construction et la rénovation des HLM en France. Mais la hausse des taux de rémunération réduit les capacités d’investissement du secteur. Explications.
Même si le taux de 3 % reste deux fois moindre que celui de l’inflation, c’est-à-dire que le rendement du livret A est négatif, cette hausse permet d’atténuer ce rendement négatif. Ce qui semble positif pour les épargnants, l’est moins pour les bailleurs sociaux qui scrutent de près ces hausses.
Déjà lourdement impactés par la réduction de loyer de solidarité (RLS), les bailleurs sociaux se retrouvent aujourd'hui déstabilisés par cette hausse exponentielle du livret A. Une majorité de l’argent versé sur les livrets A mais aussi sur les Livrets d’Épargne Populaire (LEP) et Livrets de développement durable solidaire (LDDS) sert à financer la construction et la rénovation de logements sociaux. 80 % des prêts accordés aux bailleurs sociaux le sont par la Caisse des dépôts et consignations. Les 20 % restants sont financés par les banques. Les bailleurs sociaux passent directement par elles.
Malgré la réalisation de plans de performance consciencieux, les prévisions et augmentations brutales du taux du livret A auront évidemment un nouvel impact direct, et néfaste, sur la capacité d'investissement pour les années à venir, puisque ces encours sont indexés à l'évolution de ce taux.
Cela entrainera forcément un ralentissement de la construction de logements sociaux et de moindres capacités financières pour rénover le parc existant. Cette situation est particulièrement dommageable puisque les besoins en logements sociaux neufs, et en réhabilitation thermique, sont particulièrement importants sur l'ensemble des territoires.
Face aux enjeux tant sociaux qu'environnementaux auxquels tous ces organismes sont confrontés aujourd'hui, cette situation va inévitablement réduire la capacité de production. À tout cela s'ajoute l'envolée des coûts de construction qui impacte ces structures et leurs actions en faveur des bénéficiaires.